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'Lieu I' fait suite à 'Non lieu' I et II. La pièce se divise en trois cycles :
'Nous sommes tous des juifs allemands'
'Tempi spezzati'
'Mémoire future'

Les mouvements issus du premier cycle sont de plus en plus courts, ceux issus du deuxième de durée constante, et du troisième de durée croissante. 'Nous sommes tous des juifs allemands' opère un passage entre la vie et la musique. Le lieu dans lequel la pièce est jouée est un instrument à part entière, avant que la musique abstraite ne prenne place.

'Tempi spezzati' fait écho aux 'cori spezzati' de Giovanni Gabrieli. Trois groupes sont présents. Le groupe central maintient un tempo, les groupes périphériques accélèrent ou décélèrent. 'Mémoire future' fait entendre d’abord la fin du mouvement. Les apparitions successives des mouvements issus de ce cycle font entendre les stades antérieurs de la musique, ceux-ci donnant progressivement les clefs pour comprendre le cheminement sonore dans sa logique. Dans tous ces mouvements, l’espace est utilisé pour mettre en évidence les mécanismes internes de la composition. Ainsi, la parentée sonore des multi-phoniques de clarinette et de saxophone est explicitée par le rapprochement physique des deux musiciens. Il est à noter que les deux instrumentistes de l’ensemble Cairn vont se marier peu de temps après le création de 'Lieu I'. 'Mémoire future' a donc aussi la dimension d’une marche nuptiale...

J’ai aussi continué d’exploiter l’utilisation de certains instruments à l’aide de deux musiciens. C’est ainsi que certains sons ne sont possibles qu’à trois voire quatre mains.

On entendra ainsi le violoncelle trois mains, permettant de jouer une ligne tout en opérant un glissando d’harmoniques avec une troisième main. Mais aussi l’utilisation de certains doigtés de clarinette ou de saxophone nécessitant l’intervention d’une tierce personne. La dimension nuptiale n’échappera non plus à personne.
[Thierry Blondeau]

• Commande de l'État français
• Création le 1er septembre 2007 à la Fondation Royaumont par l'ensemble Cairn dirigé par Guillaume Bourgogne
• Dédiée à Daniel Cohn Bendit

1961 – *

La musique de Thierry Blondeau se caractérise par une construction audible de données acoustiques, spatiales et instrumentales. L’écoute du son vivant l'a amené à élargir le territoire de l’instrument qu’il fait entendre à l'espace dans lequel il sonne.

Retrouvez chez Maison ONA une sélection de ses œuvres.